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Comment enlever les nids de Chenilles processionnaires ?

samedi 20 novembre 2010, par hélène

Les Chenilles processionnaires se sont confectionnées un beau cocon dans votre pin ? Il est temps de l’enlever sinon, au printemps, mesdemoiselles en sortiront en jouant à la... chenille et iront s’enterrer dans le jardin. Mais entre temps, elles auront peut-être provoqué quelques dégâts... Pas de pitié pour les pauvrettes qui n’y sont pourtant pour rien !

La Chenille processionnaire est la larve du lépidoptère hétérocère (papillon nocturne) "Processionnaire du Pin", Thaumetopoea pityocampa, de l’ordre des Notodontidae. C’est un des rares papillons à être appelé par la caractéristique de sa larve (il existe aussi le "Processionnaire du Chêne"). L’adulte est un papillon de 40 mm d’envergure avec les ailes antérieures grises rayées de noir et tachées de blanc et des antennes pectinées (en forme de peigne).

Le mâle Processionnaire du pin (photo de Paolo Mazzei)

La Chenille brun-noirâtre avec des taches rougeâtres mesure quelques millimètres au 1er stade et 40 mm au stade 5. Son ventre est jaunâtre. Le corps est velu et couvert de poils microscopiques.

Les Chenilles se déplacent par dizaines, ou centaines, en procession, guidées par une femelle qui trace le chemin en bavant un fil de soie. Chaque chenille, derrière elle, bave son propre fil. Elles sont ainsi reliées entre elles et suivent exactement le chemin de leur guide.

Procession de chenilles

Cycle de vie de la Chenille processionnaire :
1) En été, les papillons sortent de terre et s’accouplent. Le mâle meurt quelques jours après. La femelle pond jusqu’à 300 œufs sur une branche de pin, puis meurt. La ponte forme un manchon (genre chaton de noisetier) de 3cm, gris-roux, recouvert d’écailles, autour de la base de quelques aiguilles.
2) La larve naît environ 40 jours après la ponte, entre juillet et septembre. Elle se développe en cinq stades, depuis la fin de l’été jusqu’à l’hiver.
3) Les larves mangent les aiguilles de pin et tissent des abris en soie, légers et discrets (touffe d’aiguilles jaunissantes). Dès que ces demoiselles n’ont plus assez de nourriture, fin octobre début novembre, elles montent plus haut, en procession, par de belles journées et forment un nouveau nid, plus gros et donc bien visible, solide et chaud pour passer l’hiver. Elles sortent les nuits chaudes pour se nourrir.
Remarque tirée du site de l’INRA : "... Les chenilles meurent en dessous de -16°C et leur alimentation, nocturne, est conditionnée par la succession d’une température supérieure à 9°C dans le nid durant le jour et d’une température de l’air supérieure à 0°C la nuit suivante."

Nid de Chenilles processionnaires du pin (photo de Paolo Mazzei)

4) À la fin de leur développement, dès février et jusqu’en juin suivant les régions, les Chenilles descendent par le tronc de l’arbre et cherchent, en procession, un endroit ensoleillé pour s’enfouir dans le sol dans un trou de 10-20cm.

Les fils de soie tendus par un groupe de Processionnaires hésitantes

Elles tissent leur cocon et se transforment en chrysalide.
5) Au bout de plusieurs mois, parfois plusieurs années, les chrysalides se transforment en papillons à leur sortie de terre, de fin juin à mi-août. Et le cycle reprend.
Pour de plus amples informations, visitez ce site très bien fait.

Nid de Chenilles dans un cyprès

Les Nids de Chenilles processionnaires doivent-ils être éliminés ?
NON :
Une raison de laisser un nid en place c’est que le loriot peut se servir des fibres pour construire son propre nid ! (voir l’article sur le loriot et notamment les photos de Gérard Cuchet). Si vous voyez ce bel oiseau dans votre jardin... aidez-le un peu à faire son nid en lui laissant de la matière première... Vous serez récompensé par son superbe chant !

Loriot tirant des fils d’un nid de chenilles pour faire le sien !
Photo de Gérard Cuchet


OUI :
1) Par ses poils microscopiques reliés à une glande à venin, la Chenille provoque des dégâts sur certaines personnes allergiques ou asthmatiques. Elle porte environ 1 million de poils, fins et très cassants. Si elle est agressée ou manipulée, ses poils se cassent, libérant le venin. Ceci commence au stade 3 de son évolution et est amplifié au stade de l’enfouissement.
"De mes divers essais il appert que la démangeaison a pour cause la subtile pilosité que les lèvres des bouches dorsales, bâillant et se refermant, ne cessent de moudre aux dépens de leurs barbiches. Les bords de ces boutonnières fournissent, en s’épilant, la poussière urticante. (...) Avec le pourpier, le petit supplice presque aussitôt cesse, et de façon si complète que je n’y accorde plus attention. Mon orviétan au pourpier a d’incontestables vertus. Je le recommande, sans bruyante réclame d’ailleurs, à qui serait persécuté par la Processionnaire. Les forestiers, dans leur guerre aux nids des chenilles, y trouveraient large soulagement." Souvenirs entomologiques, Jean-Henri FABRE (voir plus bas)

Les lèvres des bouches dorsales de la Processionnaire

Ce venin peut détruire les tissus (nécrose tissulaire), provoquer des irritations ou des démangeaisons sur la peau et les yeux, des œdèmes dans la bouche, des troubles respiratoires, en particulier pour les personnes asthmatiques. Quand on est allergique, il vaut mieux ne pas se tenir sous un nid ni se promener dans un bois infecté car le vent véhicule ces minuscules poils.
2) Un chien ou un autre animal peut mourir s’il avale une Chenille processionnaire. Après avoir constaté que l’animal a une chenille dans la bouche et avoir lavé à grande eau, il faut se rendre au plus vite chez le vétérinaire.
3) Les Chenilles processionnaires mangent les aiguilles des résineux tels que pin noir, pin maritime, pin sylvestre, pin d’Alep, et plus rarement cèdre. Elles laissent derrière elles des branches nues et comme mortes. Quand l’infestation est importante, la croissance des arbres ralentit.
4) Les Chenilles processionnaires ont peu de prédateurs, insensibles aux poils urticants :
Le plus important prédateur est un insecte et sa larve : le calosome aux élytres vert-métallique-doré de 3cm de long et sa larve mangent les Chenilles au sol et peuvent même grimper au tronc de l’arbre.

Le grand calosome (photo d’Ondine)

Malheureusement, cet insecte est menacé de disparition pour diverses raisons dont l’utilisation d’insecticide et de pesticide.
Le coucou gris et le coucou geai (présent dans les régions où poussent les pins) ainsi que certaines guêpes s’en nourrissent. Préservons-les !

Le coucou geai (photo de Christian Maliverney)

La mésange huppée chasse la Chenille à son 1er stade larvaire, quand ses poils ne diffusent pas encore de venin.
Une étude de l’INRA est en cours sur les mésanges qui semble s’attaquer aux Chenilles en procession. J’ai moi-même observé au printemps 2011 des mésanges charbonnières donnant des coups de bec dans les nids de chenilles d’un cèdre voisin. Mais je n’ai pas eu moyen de voir si le nid était vide ou plein.
Le cordiceps, un champignon, peut parasiter la chrysalide en terre.
La suppression des nids ne privent pas les prédateurs puisque aucun ne vit essentiellement de Chenilles processionnaires.
5) Les nids sont inesthétiques surtout s’ils sont nombreux.
6) Même si les Chenilles ont déserté leur nid, elles y laissent des millions de poils urticants pour plusieurs années !

Comment éliminer les Chenilles ?
Les mâles Processionnaires peuvent être trompés par l’odeur ou les Chenilles "ensachées" à leur descente du tronc. En effet, il existe un piège à phéromone et un Ecopiège à placer dans les pins de juin à septembre pour les 1ers et de janvier à avril pour les 2èmes. Ces pièges permettent de capturer les mâles à leur sortie de terre (les 1ers) ou les Chenilles à leur descente de l’arbre (les 2èmes).

Mode d’emploi du montage de l’éco-piège

Comment éliminer les Nids ?
La présence des Chenilles dans le jardin est passée inaperçue au sol mais le Nid les a trahit et il faudra l’éliminer car, même vide, il reste polluant. Si les arbres ont des pièges, attendre la descente complète des Chenilles pour éliminer le nid.

Nid de Processionnaires du pin dans mon jardin

1) S’équiper de casque ou casquette, de masque et lunettes, de gants, bottes et vêtements imperméables, où les poils ne pourront pas se loger. Si le Nid est haut placé, ce qui est souvent le cas, il faut aussi prévoir un échenilloir (sécateur sur perche, actionnable à l’aide de ficelles).
2) Profiter d’une journée de pluie froide. La pluie évite la dispersion des poils et par temps froid, les Chenilles sont moins actives. Sinon, si c’est possible, humidifier l’arbre.

3) Couper et brûler les branches atteintes avec le moins de manipulations possible, sans respirer les fumées.
Si vous n’êtes pas équipé, si le nid est trop haut, ou si vous êtes allergique, vous pouvez faire appel aux pompiers.
Remarque : Comme mentionné plus haut, selon l’INRA, les Chenilles ayant subi des températures de -16°, sont censées être mortes. Inutile de faire venir une armada d’élagueurs ou de risquer la mort pour enlever des nids vides !

Si le Nid est éliminé, il n’y aura plus de Chenilles l’an prochain ?
Les Chenilles qui ont été brûlées ne s’enterreront pas ! Mais si, au printemps, une procession choisit d’élire domicile dans le jardin après avoir quitté le voisin, tout sera à refaire. Il est possible de limiter leur population avec des moyens simples :
1) Surveiller le feuillage des pins à hauteur d’homme, en juillet-août (au moment de la ponte). Cueillir les double-aiguilles qui portent des manchons d’œufs, chatons écailleux semblables à un chaton de noisetier ou à la pousse tendre des conifères. Brûler ou écraser.
2) Elaguer les branches basses des pins jusqu’à 2m. La femelle Processionnaire du pin avec son envol lourd, ne pondra pas plus haut.
3) Poser des nichoirs pour les mésanges dans le jardin leur permet de giter et ainsi, peut limiter la population des Chenilles. Voir cet article indiqué par Majoux dans les commentaires ci-dessous.
4) Comme il existe des pièges pour tromper les mâles ou capturer les Chenilles à leur descente des arbres, il suffira d’inventer un piège pour recueillir ces dames à leur montée sur le tronc.

Les "toilettes sèches" en bas du nid !
Mesdames les Chenilles processionnaires ont des toilettes sèches... Quelle modernité ! Remarquez, en haut, le fil de chenille, brillant dans un rayon de soleil

Nous ne pouvons pas finir ce petit exposé sans citer Jean-Henri Fabre, le père des entomologistes qui, à la fin du XIXème siècle a fait un magnifique compte-rendu truffé d’expériences, sur les Processionnaires du Pin étudiées dans son jardin et dans sa serre. A ne pas manquer ! La Chenille Processionnaire du Pin en devient presque charmante !
Voici un court extrait de cet entomologiste qui est aussi un écrivain talentueux : "En août, on inspecte le feuillage inférieur de l’arbre, examen facile, car il se fait à hauteur d’homme ; vers l’extrémité des ramuscules aisément se voient, semblables à des chatons écailleux, les pontes du Bombyx. Leur grosseur et leur coloration blanchâtre les mettent en évidence au milieu de la sombre verdure. Cueillis avec la double aiguille qui les porte, ces cylindres sont écrasés sous le pied, sommaire façon de couper court au mal avant qu’il éclate. Ainsi je fais pour les quelques pins de mon enclos. Ainsi pourrait-on faire pour les étendues forestières, et surtout dans les jardins, les parcs, où la frondaison correcte est un des grands mérites de l’arbre. J’ajoute qu’il est prudent d’élaguer toute branche traînant à terre et de tenir le pied du conifère nu jusqu’à une paire de mètres d’élévation. En l’absence de ces gradins inférieurs, les seuls accessibles à sa lourde envolée, le Bombyx ne pourra peupler l’arbre." Souvenirs entomologiques, Jean-Henri FABRE (la Processionnaire était alors nommée Bombyx)

Merci à Paolo Mazzei, à Gérard Cuchet, Christian Maliverney et à Ondine pour leur aimable autorisation à publier leurs photos ainsi qu’aux sites Moths and Butterflies of Europe and North Africa, oiseaux.net et FEI qui les font connaître.

Messages

  • Bonjour Hélène,

    Même si votre article insite à tuer une espèce naturelle (les Processionnaires ont autant le droit de vivre que l’homme), il est trés bien écrit !
    J’aurai à vous recontacter car je suis en train de préparer des galeries (avec Porta) pour mon futur site internet, avec Free comme vous. J’attends qu’il soit ouvert (déjà une semaine...). Et j’aurai besoin d’aide !
    A bientôt,
    Christian (naturelibre.photos@free.fr)

  • Visiblement, la mésange s’y attaque bien :
    « Par contre il existe des prédateurs naturels à ces chenilles et la mésange n’est pas la moindre. Ce bel oiseau de nos campagnes à la particularité d’être insensible aux poils urticants. En période de nidification, un couple de mésanges consomme environ 500 insectes par jour . »
    Source : terrain-forêt

  • bonjour , il y a chez moi ces nids de chenilles, et ,mon chien , donc un animal , va souvent faire ses besoins dans un enclos , qui a pour centre cet arbre avec les chenilles , l’arbre fait environ 10 mètres de haut , faut il appeler les pompiers , car il y a 5 nids gros comme 2 ballonds de foot . J’envisage de demander a mon paysagiste de les retirer. Alors pompiers , ou paysagiste ?

    merci de votre réponse

    cordialement

    vincent

    • Bonjour Vincent. Suivant la température qu’il a fait chez vous, les nids ont peut-être gelés. Mais il faudrait en être sûr ! Soit vous enlevez les nids vous-même et vous les faites bien brûler (attention à bien faire brûler le nid, il semble que les nids soient très coriaces même au feu !). Soit vous les faites enlever par le paysagiste s’il a l’habitude de le faire. Pompier ou paysagiste, je ne sais pas. Voyez lequel coûte le moins cher ! Bon courage...

  • Inutile de couper la branche, d’autant que couper en hauteur est difficile. On peut faire tomber le nid avec un petit bricolage simple : un manche à balais avec 4-5 vis au bout. Je mets l’ensemble au bout d’un manche de balais de piscine (20€) et voilà une perche de 4,5m.
    L’usage est assez simple : placer l’embout crochu à contre le nid, et tourner le manche. Les vis se prennent dans le cocon, et quand il est bien pris, on tire un coup et il tombe (ou il s’éventre, ce qui l’hiver tue les chenilles aussi). Faut pas être en dessous.
    Ensuite, je ramasse le nid avec des pinces, et au feu...
    A faire un jour d’hiver.

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